Porté par Anne Casile, Olivier Évrard et Ana Maria Jimenez

Ce thème a pour objet les trajectoires des socio-écosystèmes sur la longue durée : ce qui est transmis du passé, explicitement ou non, puis réinventé et projeté vers des futurs possibles, dans un contexte de limites planétaires, de crises environnementales et de tensions socio-politiques. Ces futurs possibles sont différemment imaginés, désirés, négociés et mis en œuvre selon les acteurs et leurs relations de pouvoir. Trois niveaux d’analyse sont privilégiés :

1.Le temps long des dynamiques socio-environnementales et des crises

-Penser et explorer les paysages, leurs traces et leurs ruines, qu’elles soient archéologiques (vestiges, archives environnementales) ou métaphoriques (communs dévastés, ontologies non-naturalistes, régimes politiques, etc.).

-Sonder les empreintes des grandes transitions, des crises, des conflits.

-Examiner l’articulation entre constructions mémorielles et régimes d’historicité : nous nous demandons notamment quelle place est faite aux populations non-européennes dans le façonnement des mémoires collectives et leur mise en patrimoine (muséal ou autre).

 

2.Les choix opérés lors de la transmission des objets, des usages, des pratiques et des savoirs, y compris dans la relation sensible au monde.

-La transmission des savoirs et du rapport sensible et matériel au monde vécu. 

-La transmission de l’histoire et des imaginaires à travers la mobilisation de multiple dimensions (objets, institutions, techniques, etc.).

-Les mécanismes et dispositifs de conservation et de réappropriation, de transmission et d’apprentissage, mais aussi de sélection et d’oubli dans la fabrique du passé, du présent et la construction des futurs possibles.

 

3.Les catégories à partir desquelles les futurs sont pensés, les modalités de leur mise en œuvre et les tensions qu’elles génèrent.

-Étudier les modes de représentation et de construction du futur (prédictions, présages, prévisions, métriques, indicateurs etc.) en analysant les modèles de société et les visions de la modernité sous-jacents et les controverses, tensions et conflits qu’ils révèlent.

-Explorer la mobilisation des imaginaires de l’effondrement pour comprendre les réactions et les actions collectives face aux transformations globales.

-Examiner les décalages entre prescriptions et actions.

 

Ces trois niveaux d’analyse impliquent des questionnements transversaux mobilisant des disciplines différentes et des perspectives à la fois historiques, sociales, environnementales et prospectives, notamment : 

-L’articulation entre passé, présent et futur 

L’analyse des trajectoires des socio-écosystèmes nécessite de croiser des données issues de disciplines telles que l’histoire environnementale, l’écologie et les sciences sociales pour comprendre les héritages du passé, les transformations actuelles et les projections futures.

-La diversité des perspectives sur la transmission des objets, des savoirs et des pratiques 

Les choix liés à la transmission impliquent des questions d’anthropologie, mais aussi d’épistémologie pour analyser comment les connaissances et les pratiques se construisent, circulent et se transforment.

-Le dialogue entre science et action 

Les catégories permettant de penser et de mettre en œuvre les futurs soulèvent des questionnements qui relèvent autant des sciences politiques (modes de gouvernance, politiques publiques) que des études prospectives (utopies, scénarios alternatifs). Ces travaux interrogent également les tensions entre les discours scientifiques, les valeurs culturelles et les priorités politiques.

-Les jeux d’échelle : prendre en compte à la fois les enjeux globaux et locaux 

Dans un contexte de limites planétaires et de crises environnementales, il est essentiel de relier les échelles globales (changement climatique, biodiversité) aux dynamiques locales, ce qui implique de mobiliser des outils issus de la géographie, de l’écologie et des études territoriales.

Publié le : 16/05/2018 15:28 - Mis à jour le : 16/05/2025 09:47