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43 rue Buffon
Paris 5e
Présentation
Premières recherches dans le domaine de l’anthropologie des classes d’âge, à partir de l’exemple multiforme des sociétés dites Lagunaires de Côte-d’Ivoire. Véritable laboratoire dans ce domaine de par la diversité des sociétés en présence et la variété des paramètres à l’œuvre (règles de filiation, depuis les régimes strictement patrilinéaires jusqu’aux strictement matrilinéaires, en passant par les bilinéaires et d’autres formes intermédiaires, type de classes d’âge, entre formes « linéaires », générationnelles, et mixtes, mode de transmission des charges, combinant règles de dévolution et types de résidence, etc.), ces sociétés lagunaires ont retenu l’attention de nombreux chercheurs (parmi les principaux, Denise Paulme, Marc Augé, Harris Memel-Fotê, François Verdeaux, etc.). Les grilles d’analyse proposées ont été discutées et de nouvelles perspectives suggérées dans trois publications entre 1985 et 1995.
Parallèlement, un travail de thèse a été entrepris chez les Bassar du Togo, autour d’une formation sociale originale consistant en une concentration importante de communautés villageoises à l’intérieur d’un périmètre restreint (sur le piémont d’un important relief) contrastant avec des zones de plaines peuplées de façon plus sporadique. Les raisons de cette concentration, mais surtout ses effets, avec la mise en place progressive, tout au long de l’histoire de cette localité, de formes d’organisation sociale originales, tendant vers un modèle urbain, mais sans jamais s’y résigner (de puissants contre-modèles ayant été érigés) ont fait l’objet de l’analyse proposée.
Nouvelles recherches de terrain, après la thèse, sur les rapports à la nature des Bwaba du Burkina Faso. Émanant d’une équipe pluridisciplinaire comptant en majorité des chercheurs en sciences du vivant, la question des pratiques de feux de végétation (feux de brousse) et des représentations culturelles associées a d’abord été privilégiée. Cultivateurs d’une région de savane, les Bwaba, à l’instar de nombre de leurs voisins, intègrent le feu parmi leurs techniques de gestion de leur milieu. Un savoir spécifique (sur les comportements différenciés des feux en fonction de la nature du couvert végétal et du degré d’avancement dans la saison sèche principalement) a été développé par ces sociétés, et s’est articulé à une anticipation des comportements spontanés de certains acteurs (chasseurs, éleveurs, dans une moindre mesure cultivateurs). Au-delà de l’étude d’un tel savoir, les recherches ont porté sur les pratiques rituelles conduites sur certaines portions réservées du terroir villageois, dédiées à des feux rituels encadrés par de puissants systèmes d’interdits.
Prolongeant l’analyse des rapports que les Bwaba entretiennent avec leur environnement, la recherche s’est orientée vers les modalités d’interaction avec les êtres invisibles en charge de la maîtrise de certaines portions d’espace naturel. Les formes extrêmement diversifiées des pratiques cultuelles impliquant ces entités (divination, masques, autels, objets puissants, possessions, etc.) ont conduit à aborder le sujet sous divers angles, privilégiant en dernier lieu la question de la figuration.
Enfin, ces dernières années, avec la dégradation des conditions d’enquêtes au Burkina et leur amélioration concomitante au Togo (après une période difficile là aussi durant près d’une décennie), un recentrement géographique s’est progressivement opéré vers un retour chez les Bassar du Togo pour y conduire des investigations sur les formes de patrimonialisation des territoires.
Projets
Dans un contexte marqué par une profonde diversité des activités avant la période coloniale, suivie d’une uniformisation croissante depuis, les Bassar du Togo ont mis en place une mosaïque de rapports patrimoniaux à leurs territoires définis en fonction de l’activité dominante de chaque secteur à l’époque antérieure à la colonisation. Quatre secteurs se dégagent principalement : le secteur nord-ouest, voué à l’extraction du minerai de fer et sa réduction dans des fourneaux ; le secteur centre-ouest, dédié aux activités de forge transformant le fer brut produit par les habitants du premier secteur ; le secteur sud-ouest où se concentrent les villages autrefois producteurs de charbon destinés aux deux autres secteurs engagés dans les activités métallurgiques ; l’est, enfin, regroupant les communautés d’agriculteurs éleveurs chasseurs. Des conceptions très différentes se sont développées quant au rapport au monde en fonction de l’activité dominante. Ainsi, du côté de la réduction du fer dans les fourneaux prévalaient une forte prégnance de la magie, tandis qu’à l’inverse les forgerons ont développé une véritable phobie dans ce domaine (la magie étant considérée comme source d’échec assuré dans leurs activités), orientant leurs pratiques rituelles vers l’édification de barrières toujours plus strictes vis-à-vis de toute contamination, par la magie, de l’activité technique, ici érigée en idéal de perfection. Aucun de ces modèles ne convient aux agriculteurs qui ont déployé pour leur part un complexe rituel reposant sur une idéologie de la régénération périodique, centrée sur un cortège de divinités auxquelles sont consacrées des pratiques religieuses codifiées qui excluent là aussi les pratiques magiques mais tout autant une conception principalement technique du rapport au monde telle que l’ont développée les forgerons.
Les formes de patrimonialisation des territoires sont étudiées par secteur en fonction de ces héritages distinctifs.
Terrains de recherche
Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Togo, Burkina Faso)