Contact
43 rue Buffon
Paris 5e
Responsabilités hors unité
Principale coordinatrice du projet de recherche MANDU soutenu par l’ANR (2019-2024) et co-directrice de la mission archéologique MANDU soutenue par le MEAE (2020-2024) en partenariat avec Azim Premji University Bhopal et Shiv Nadar University (Inde).
Co-organisatrice de la Social Sciences Winter School in Pondicherry (2016-2022).
Présentation
Thèmes partagés secondaires : Mondes vécus, Sciences-Sociétés
Je suis archéologue et archéogéographe et me consacre à l’étude de la gestion de l’eau en Inde centrale et, plus largement, à celle des dynamiques socio-environnementales et politiques autour de l’eau. Si l’essentiel de mes recherches s’intéresse aux temps précoloniaux (la période médiévale tout particulièrement), elles sont aussi en dialogue avec d’autres portant sur l’actuel dans le cadre d’un programme interdisciplinaire que je coordonne depuis 2019. Ce programme intègre un projet financé par l’ANR (projet MANDU) et une mission archéologique franco-indienne en Inde Centrale (mission MANDU) soutenue par le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, en collaboration avec Azim Premji University (APU, Bhopal, Inde), Shiv Nadar University (SNU, Greater Noida, Inde) et l’Institut Français de Pondichéry (IFP, Inde).
Le projet MANDU réunit une équipe d’une dizaine de chercheur.se.s provenant d’horizons disciplinaires divers (sciences humaines-sociales et environnementales) et explore les interactions sociétés-environnement autour de l’eau et l’impact des variations et extrêmes hydro-climatiques dans l’histoire des vulnérabilités, des instabilités et des changements qui ont marqué la période dite médiévale tardive en Inde Centrale. L’une des composantes de la démarche scientifique de ce projet dont je suis à l’origine est l’expérience, l’apprentissage et la construction de l’interdisciplinarité à partir d’un objet d’étude commun, l’eau, et d’un terrain commun, celui de Mandu, vaste site fortifié en Inde Centrale dont l’histoire s’étend sur plus d’un millénaire et qui fut l’ancienne capitale des Sultans du Malwa entre c. 1400-1560 EC. Préservé de l’urbanisation récente, Mandu et ses environs sont aujourd’hui habités et mis en culture par une population dite « tribale » (Bhils).
Dans le cadre de la mission MANDU dont je suis à l’origine et que je co-dirige avec Supriya Varma (APU), mes recherches s’attachent à sonder le passé au prisme des vestiges matériels et de l’environnement construit et dans le champ d’une archéologie spatiale, de l’eau et du paysage. Elles préconisent un changement de paradigme historiographique qui ne réduit pas l’environnement à ses seules contraintes (en tant que simple réservoir de ressources et instrument de la finalité humaine) ou à une toile de fond passive et stable du développement et des transformations des sociétés, mais conçoit l’homme et ses activités comme faisant partie intégrante du cycle de l’eau.
En lien avec le programme MANDU, je me consacre par ailleurs à la formation d’étudiants en Inde dans le cadre d’écoles de terrain en collaboration avec APU et SNU. Durant les quatre années de mon affectation en Inde (2016-2020), à l’Institut Français de Pondichéry, j’ai également travaillé au montage et à la réalisation de cinq éditions d’une école d’hiver de formation à la recherche en sciences sociales (Social Sciences Winter School in Pondicherry) soutenue par l’IRD.
Projets
Conditionnées en grande partie par un climat de mousson et soumises à ces variations, la disponibilité et l’accessibilité à l’eau sont au cœur des préoccupations de la société en Asie du Sud, depuis fort longtemps. Les innombrables vestiges d’ouvrages hydrauliques en sont les témoins les plus tangibles et font partie intégrante de la fabrique historique et écologique des paysages, des lieux, des territoires et des systèmes agraires. À l’interface entre les sciences environnementales et les sciences humaines et sociales, le projet MANDU explore les interactions sociétés-environnement en lien avec l’eau et l’impact des variations et extrêmes hydro-climatiques durant le « médiéval tardif » (~1100-1600 CE). Cette période fut celle d’importantes transformations en partie corrélées au développement de nouveaux régimes politico-religieux. À diverses échelles spatiales et temporelles de l’Asie, elle fut aussi celle de perturbations climatiques. Sur le plan archéologique et de l’écologie historique, elle est en outre l’une des moins bien connues et documentées de l’histoire de l’Inde. Le projet s’attache à sonder le passé au prisme des paysages d’un vaste site appelé Mandu (Inde Centrale) et d’une analyse critique de l’historiographie dominante largement fondée sur les seules sources écrites. Les recherches sont structurées autour de plusieurs objectifs visant à produire de nouvelles données et connaissances sur la gestion de l’eau et l’histoire des vulnérabilités et des adaptations face aux risques et aléas hydro-climatiques.
La recherche mobilise plusieurs disciplines (archéologie, géoarchéologie, hydrogéologie, ethno-anthropologie, histoire, géographie, paléoclimatologie et architecture), technologies, échelles d’analyse, concepts et bases de données. Elle privilégie une approche inductive, problématisée à partir des observations, de la production et du croisement de données multiples. Les paysages façonnés par les interactions homme-milieu sur le temps long sont étudiés dans une perspective à la fois diachronique et synchronique, et à différentes échelles spatiales : des micro-« archives » (pollens, phytolithes et autres) et de la micromorphologie des sols et des sédiments aux aspects plus vastes de l’environnement ainsi que du terrain, incluant les monuments et les infrastructures, la fabrique de l’espace et les vestiges archéologiques, la mémoire et les pratiques actuelles concernant l’eau et ses multiples usages.
Mettant en dialogue l’étude du passé et celle du présent autour de la gestion de l’eau, notamment l’usage actuel des ouvrages hydrauliques anciens, le projet s’attache à évaluer le potentiel des systèmes anciens, ainsi que les possibilités de leur adaptation dans les périmètres de l’hydraulique actuelle pour pallier les risques liés au changement climatique. Il contribue ainsi à la recherche sur les vulnérabilités et les adaptations et sur la durabilité de l’eau face à la précarisation de l’accès à celle-ci en Inde. Associé à une mission archéologique franco-indienne et tourné vers le partenariat, le projet participe à faire évoluer les approches et les pratiques dans le champ de l’archéologie en Inde.
Terrains de recherche
Inde (Madhya Pradesh, région du Malwa)