Soutenance de thèse de Olga Belichenko

 

Adaptation or assimilation? Transformations of local ecological knowledge about wild plants in socialist and post-socialist context: A case of Seto community in Russia

 

réalisée en cotutelle entre l’université Ca› Foscari de Venise et UMR 208 PALOC de IRD/MNHN sous la direction de Renata SOUKAND et Romain SIMENEL.
Celle-ci aura lieu le lundi 10 octobre 2022 à 10h00 par visioconférence.
 
 
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Abstract :
Wild plants are indispensable to many domains of human life, such as medicine, nutrition, veterinary medicine, construction work, and handicrafts. The positive effect of visiting natural parks on human mental health has recently been recognized by allopathic medicine. At the same time, the role of local communities and their local ecological knowledge (LEK), which can adapt to various challenges, has been acknowledged for managing ecosystems. However, contact with post-industrial economies could be detrimental to LEK, which depends on the combination of environmental, economic, political, social, and cultural factors. Cross-border studies of these issues appear to provide especially rich and robust data thanks to the study of similar habitats and cultures affected by different political and socio-economical contexts. While the focus of research was previously directed at environmental factors and at the context of contact with capitalist economies, socio-cultural factors and post-socialist economies remained in the shadows. Russia possesses one of the longest land borders in the world (22,000 km out of a total border of 66,000 km), around which there are concentrated more than 15 vast and rich biocultural reserves. The LEK of these border communities, as well as its adaptation to a centralized economy, has only been partially documented.

This dissertation is part of a larger comparative project, DiGe: Ethnobotany of Divided Generations in the Context of Centralization (2017-2023), PI Renata Sõukand, which aims to study the changes caused by varying policies and socio-economical contexts on the borders of Eastern Europe and the former Soviet Union. One of the points of examination was the diversity of local practices contrasted with their homogenization, and in the case of the latter we tried to understand the mechanisms that could foster each of the outcomes. Setos are a Finno-Ugric people, with the majority of the population residing in Estonia (ca. 12,000) and only about 120 individuals living in Russia, but they have remained in close contact with Russians for centuries. Setos speak a sub-dialect of the Võro dialect of Estonian and, like Russians, belong to the Orthodox faith. A state border separated the Seto community 30 years ago following the collapse of the Soviet Union.

During the summers of 2018-2019, we spoke to 78 people, which included 26 Setos, two Estonians, and 50 Russians. Whenever it was possible, we collected voucher specimens with the study participants. For a cross-border analysis, we used the data from a parallel field study conducted in Estonia among 37 Setos and 35 Estonians (Võro). The study revealed the following:

1. The intra-ethnic similarity within the Seto community is slightly lower than the inter-ethnic similarity with local populations for wild food and medicinal plant uses.
2. Not only content, but also the structure of LEK has been affected by contact with scientific knowledge, thus separating food and medicinal uses. The only systematically overlapping domain is infusions (or teas) that can be used for recreation as well as for treatment (taxa such as Hypericum, Tilia cordata L., Mentha, and Rubus idaeus L.).
3. The influence of scientific knowledge on LEK was not strictly unilateral: some local uses were documented in the 1950s and their medicinal properties were studied for potential inclusion in the State Pharmacopoeia of the Soviet Union. Further research is needed to understand the interaction between the Soviet Pharmacopoeia and LEK during its selection and authorization processes.
 
Résumé :
Les plantes sauvages sont indispensables à de nombreux domaines de la vie humaine, tels que la médecine, l’alimentation, la médecine vétérinaire, les travaux de construction et l’artisanat. L’effet positif de la visite des parcs naturels sur la santé mentale humaine a récemment été reconnu par la médecine allopathique. Dans le même temps, le rôle des communautés locales et de leurs connaissances écologiques locales (LEK), qui peuvent s’adapter à divers défis, a été reconnu pour la gestion des écosystèmes . Cependant, le contact avec les économies post-industrielles pourrait être préjudiciable à ces connaissances, qui dépendent de la combinaison de facteurs environnementaux, économiques, politiques, sociaux et culturels. Les études transfrontalières sur ces questions semblent fournir des données particulièrement riches et robustes grâce à l’étude d’habitats et de cultures similaires affectés par différents contextes politiques et socio-économiques. Tandis que la recherche était axée auparavant sur les facteurs environnementaux et sur le contexte du contact avec les économies capitalistes, les facteurs socioculturels et les économies post-socialistes sont restés dans l’ombre. La Russie possède l’une des plus longues frontières terrestres du monde (22 000 km sur une frontière totale de 66 000 km), autour de laquelle se concentrent plus de 15 réserves bioculturelles. Les savoirs écologiques de ces communautés frontalières, ainsi que leur adaptation à une économie centralisée, n’ont été que partiellement documentés.

Cette thèse fait partie d’un projet comparatif plus vaste, DiGe: Ethnobotany of Divided Generations in the Context of Centralization (2017-2023), coordonné par Renata Sõukand, qui vise à étudier les changements causés par des politiques et des contextes socio-économiques variés aux frontières de l’Europe de l’Est et de l’ex-Union soviétique. L’un des points d’étude était la diversité des pratiques locales en contraste avec leur homogénéisation. Dans le cas de cette dernière, nous avons essayé de comprendre les mécanismes qui pourraient favoriser chacun des résultats. Les Setos sont un peuple finno-ougrien, dont la majorité de la population résident en Estonie (environ 12 000 et seulement environ 120 personnes en Russie), mais ces dernières ont vécu en contact étroit avec les Russes pendant des siècles. Une frontière d’État a séparé la communauté de Seto il y a 30 ans à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique.

Au cours des étés 2018-2019, nous nous sommes entretenus avec 78 personnes, dont 26 Setos, deux Estoniens et 50 Russes. Pour l’analyse transfrontalière, nous avons utilisé les données d’une étude de terrain parallèle menée en Estonie auprès de 37 Setos et 35 Estoniens (Võro). L’étude a révélé ce qui suit :

1. La similitude intraethnique au sein de la communauté Seto est légèrement inférieure (indice de Jaccard 0,43 pour les plantes médicinales et 0,59 pour les plantes comestibles) à la similitude interethnique avec les populations locales pour les utilisations alimentaires et médicinales.

2. Non seulement le contenu, mais aussi la structure des connaissances écologiques locales ont été affectés par le contact avec les connaissances scientifiques, séparant ainsi les utilisations alimentaires et médicinales. Le seul domaine qui se chevauche est celui des infusions qui peuvent être utilisés des deux façons.

3. L’influence des connaissances scientifiques sur les connaissances locales n’a pas été strictement unilatérale : certaines utilisations locales ont été documentées dans les années 1950 et leurs propriétés médicinales ont été étudiées en vue d’une éventuelle inclusion dans la pharmacopée d’État de l’Union soviétique. D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre les processus de sélection et d’autorisation de la pharmacopée soviétique.
 
 
Composition du jury

Mme Buffa, Gabriella

Università Ca’ Foscari Venezia

Examinatrice

M. Bruschi, Piero

Università degli Studi Firenze

Rapporteur

M. Odonne, Guillaume

CNRS

Examinateur

M. Pardo de Santayana, Manuel

Universidad Autonoma de Barcelona

Rapporteur

M. Simenel, Romain

IRD / Muséum National d’Histoire Naturelle

Co-directeur de Thèse

Mme Sõukand, Renata

Università Ca’ Foscari Venezia

Directrice de Thèse

Mme Toulouze, Eva

INALCO

Examinatrice

 
 
 
 
Publié le : 07/10/2022 14:46 - Mis à jour le : 10/11/2022 10:28