Entité de rattachement
Savoirs, collections et circulations
Thème interdisciplinaire de recherche
Collections vivantes zoologiques et microbiologiques, culture matérielle et visuelle de la science, valeurs en science, patrimonialisation du vivant
Spécialité
anthropologie des sciences et du patrimoine

Présentation

Doctorante contractuelle CNRS. Laboratoire principal de rattachement : LAS (ED de l’EHESS)

Financement Lauréate d’une allocation du Domaine d’Intérêt Majeur « matériaux anciens et patrimoniaux » de la Région Ile-de-France

Titre de la thèse

« Les collections vivantes de laboratoire, matériel scientifique et objets patrimoniaux. Approche comparée du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’Institut Pasteur au prisme des Sciences humaines et sociales »

Direction de la thèse Frédéric Keck (DR2 CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale)

Co-encadrement de la thèse Mélanie Roustan (Maître de conférence MNHN, Laboratoire PALOC)

Résumé

À la croisée de l’anthropologie des sciences et de l’anthropologie du patrimoine, ce projet doctoral se base sur une approche comparative de la manière dont deux institutions de renommée internationale, le Muséum national d’histoire naturelle et l'Institut Pasteur, collectionnent aujourd'hui le vivant à l'échelle de la microbiologie dans une double perspective de matériel scientifique et d’objet patrimonial. Il s’agit de reconsidérer l’entreprise paradoxale de faire collection du vivant, à un moment où de nouvelles techniques (cryoconservation, réplication du vivant) permettent la conservation de la vie sur le long terme à l'état fonctionnel, et où les logiques patrimoniales et scientifiques peuvent se superposer ou entrer en tension.

1. Un premier temps de la recherche consiste à situer historiquement et théoriquement les collections vivantes du MNHN et de l’IP dans le processus de patrimonialisation du vivant ainsi que dans deux traditions scientifiques (tradition des collections naturalistes et tradition de l’expérimentation sur le vivant en laboratoire). Cela autour d’une enquête sur l’évolution de ce qui fait référence pour les sciences de la vie au sein des collections (types, organismes modèles), et sur les différentes conceptions de la vie qui sous-tendent ces « modèles ». Comment les logiques scientifiques s’accommodent de la nouvelle fonction de conservation de la biodiversité « en danger » (Dias et Vidal, 2017) ? Qu’est-ce que le paradigme patrimonial fait à ces collections, au départ constituées par et pour la science ?

2. L’ambition est ensuite de mettre au jour les valeurs scientifiques et éthiques qui accompagnent la conservation et la manipulation de ce matériel vivant, de déterminer à quel point elles sont impactées par le paradigme patrimonial, et si elles peuvent être considérées comme une nouvelle génération de valeurs épistémiques. Cela en se référant à la démonstration par Daston et Galison du caractère historiquement situé des valeurs épistémiques (Objectivité, 2015).

3. Enfin, en prenant appui sur une tradition d’épistémologie française (Dagognet, Canguilhem, Foucault) et en la faisant dialoguer avec une anthropologie outre-Atlantique qui analyse les techniques de conservation de la vie (Landeker, Radin), le projet s’intéresse aussi à la notion de collection vivante comme catégorie normative et aux formes de pouvoir sur la vie induites. Cela à un moment où apparaissent les exigences contradictoires de circulation du matériel vivant et de contrôle de son potentiel pathogène (biosécurité), et où la logique de préservation de la biodiversité rencontre, dans le monde du laboratoire, la logique millénaire de protection contre la maladie. Alors que gérer ces collections semble aujourd’hui consister à organiser la traçabilité des spécimens, à prendre en charge le « temps des espèces », et à administrer des populations de spécimens ou de virus, je tenterai de transposer des concepts foucaldiens forgés pour analyser le pouvoir sur la vie humaine aux échelles infimes du vivant mis en collection.

 

Publications

GALLAY-KELLER Mathilde, « Des microchampignons modèles pour le “biocontrôle”. Une enquête dans les collections de micro-organismes du Muséum national d’Histoire naturelle », Techniques&Culture 73 « Biomimétismes », 2020.

 

GALLAY-KELLER Mathilde, « Les zoos du Muséum national d’Histoire naturelle. Éduquer, mais à quoi ? », Éducation relative à l'environnement [En ligne], Volume 15 - 1 | 2019, mis en ligne le 05 novembre 2019, consulté le 12 novembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/ere/3761

 

GALLAY-KELLER Mathilde, « Maladies et animaux : des objets gouvernables ? Surveiller, connaître, gouverner », Lectures anthropologiques [en ligne], 2017|2, Les animaux en anthropologie, mis à jour le : 10/06/2017, URL : http://92.222.82.244/lodel/lecturesanthropologiques/index.php?id=357 

 

Communications

2019 (13 novembre) : «(Cryo)conserver du vivant minuscule dans les collections de ressources biologiques du MNHN : entre tradition naturaliste et sciences expérimentales ? », dans le cadre du séminaire « Les collections vivantes au prisme des SHS », MNHN, Paris.

2019 (27 septembre) : « Protéger la nature, des animaux aux microorganismes ? », intervention à la table ronde organisée par Frédéric Keck : « Conserver le vivant, protéger la nature. De nouveaux défis pour les Musées ? », avec Marianne Sourrieu (Directrice du MAAOA), et Claire Bouillot (Doctorante EHESS), Festival des SHS de l'EHESS, « Allez Savoir », Marseille.

2019 (25 septembre) : « Biomimétisme et organismes modèles dans la recherche environnementale et biomédicale », Rencontres de Techniques&Culture préalables au numéro à paraître (2020) « Biomiméétisme(s) et modélisation de la vie », EHESS, Marseille.

2019 (5 Septembre) : « Compte-rendu d'une enquête ethnographique dans les collections de Ressources Biologiques et Cellules cryoconservées du MNHN », Réunion interne de l'ensemble "RBCell", MNHN, Paris.

2019 (14 juin) : Répondante du Professeur Denis Forest (Paris 1 - IHPST), communication « Les poissons peuvent-ils souffrir ? Le nouveau débat sur la réalisabilité multiple ». Séminaire de l’École Doctorale de Philosophie de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris.

2019 (29 mars) : « Des empruntes dans la neige aux collections de cellules animales cryoconservées? Reconstruire la nature à partir de ses fragments ?», journée d'étude « Suivre le patrimoine à la trace » organisée par P. Lemaigre-Gaffier & C. Collmelere - Archives Nationales, Paris.

2019 (16 janvier) : « Quelques paradoxes en provenance des collections vivantes de laboratoire du MNHN : compte-rendu d’une première enquête de terrain ». Rencontre annuelle du DIM « Matériaux anciens et patrimoniaux », INRA, Paris.

2019 (21 janvier) : « Les collections vivantes de laboratoire, entre science et patrimoine ». Présentation du projet de thèse à l’Institut Pasteur, Paris.

2019 (7 février) : « Quel traitement des données en SHS pour une recherche interdisciplinaire ? Des concepts philosophiques aux données ethnographiques, et des textes aux images ». Atelier du DIM « Matériaux anciens et patrimoniaux » sur le traitement des données de la recherche, EHESS, Paris.

2018 (6 décembre): « Les collections vivantes de laboratoire du MNHN et de l'Institut Pasteur, matériel scientifique et objets patrimoniaux ». Présentation « flash », Atelier jeunes chercheurs du DIM « Matériaux anciens et patrimoniaux », Université Pierre et Marie Curie, Paris.

2015 (7 mai) : « Le zoo comme espace de représentation de la nature : un paysage ? L’exemple du projet de réhabilitation de la rotonde du parc de la Tête d’or à Lyon ». Séminaire « Anthropologie du zoo ». Parc Zoologique de Paris, MNHN, Paris.

Projets

Terrains de recherche

Laboratoires, Centre de Ressources Biologiques, musées, zoos, jardins botaniques