Les collections vivantes au prisme des sciences humaines et sociales • 2019 -
Organisateurs initiaux : Mathilde Gallay-Keller, Doctorante EHESS, LAS, Dominique Juhé-Beaulaton, DR CNRS honoraire, CAK, Serge Reubi, Maître de conférences MNHN, CAK, Mélanie Roustan, Maître de conférences MNHN, PALOC
Ce séminaire porte sur les collections vivantes comprises comme des ensembles inventoriés de spécimens « en vie », conservés au sein de musées, de muséums ou d’instituts scientifiques, telles que les collections botaniques, zoologiques ou microbiologiques.
La collection répond à un principe d’accumulation selon des critères de sélection, de classement et de valorisation. Au-delà de l’agrément, elle vise la production de connaissances et la conservation d’un patrimoine – et leur diffusion. Les « collections vivantes » semblent ainsi, de prime abord, traversées de tensions : leur visée patrimoniale prétend arrêter le temps quand la vie implique la cyclicité ; leur caractère scientifique – et les modèles abstraits inhérents – se heurtent à l’incertitude et à la singularité du vivant ; leur gestion implique de manipuler comme des objets matériels des formes de vie, et parfois des êtres sensibles. Le séminaire est ainsi l’occasion de questionner la notion de collection, dont les apories semblent soulignées par son ambition de s’appliquer à toute chose et jusqu’aux êtres vivants. Il s’attache simultanément à travailler la notion de vivant, qui peut être définie par sa capacité au mouvement, sa dimension relationnelle, sa faculté de reproduction ou sa prédisposition à la mort ou à la transcender, mais se trouve ici interrogée par sa difficulté à être saisie ainsi qu’à la pluralité de ses conceptions : au fil du temps et des paradigmes scientifiques, mais également en fonction des contextes culturels, quand des « choses » considérées comme des objets de collection inertes et inaliénables dans des musées occidentaux sont vues par d’autres comme « animées » voire « habitées » et liées à des territoires.
A travers une approche anthropologique, sociologique, historique ou philosophique, le séminaire poursuivra en 2020-2021 son exploration des questions soulevées lors de la première année : Comment ont été et sont constituées et définies les collections vivantes ? Par qui et pour qui ? Comment s’articulent-elles à des paradigmes scientifiques ? Quelles valeurs les sous-tendent ? Nous proposons de nous ouvrir à de nouvelles questions, telles que la pluralité des conceptions du vivant, en particulier en dehors du paradigme naturaliste, ou la problématique des collections humaines. Nous explorerons différents aspects de la mise en collection du vivant sous toutes ses formes, qu’il s’agisse du traitement des « êtres sensibles » ou des conditions de conservation des restes humains. Notre point de vue sera aussi bien celui des enjeux éthiques ou politiques que des émotions ou attachements suscités, par la gestion et le soin de ces « objets animés », jusqu’aux relations interspécifiques qu’elles impliquent parfois. Nous verrons aussi comment s’opèrent les circulations d’une collection à l’autre, les passages du vivant à l’inerte (naturalisations, collections ostéologiques…) ou inversement de l’inerte au vivant, les matières organiques ne cessant de se métamorphoser, voire se réactiver (des biobanques aux frozen zoos).
https://colviv.hypotheses.org/
Maritimités • 2018 -
Le séminaire « Maritimités » a pour vocation de fédérer des chercheurs d’horizons disciplinaires variés (anthropologie, archéologie, paléontologie, histoire, écologie, langues et littératures), spécialistes des sociétés maritimes, littorales, estuariennes et à l’interface des sciences humaines et des sciences de la vie.
Depuis sa création en 2016, le séminaire s’est porté sur la thématique des espèces marines. Il s’est interrogé sur la spécificité des emplacements taxinomiques, symboliques, rituels qui leur sont impartis au sein de sociétés humaines hétérogènes, et a discuté, leur rôle dans les politiques de conservation : les revendications, confrontations ou formes d’identifications inédites que ces espèces sont amenées à supporter. Si le séminaire "maritimités" a jusqu'alors été l'occasion de décliner quelques figures emblématiques d'un bestiaire maritime familier (tortues, petits cétacés, phoque, algues, etc.), c’est davantage vers ses parents atypiques que nous souhaiterions, dans un premier temps, orienter notre réflexion. Le tableau des espèces maritimes ne saurait en effet être complet sans mentionner ces espèces non aquatiques qui transitent - de façon clandestine ou non- en mer, stimulent à bord des ajustements rituels ou épistémologiques, déplacent ou transfigurent des imaginaires, redéfinissent les paysages qu'elles colonisent à l'issue de cette traversée.
L’évocation de ces figures atypiques du bestiaire maritime, comme l’attention à l’idée de « mobilité/captivité » que leur analyse sous-tend, fournissent l’occasion de nous interroger plus radicalement sur deux questions de fond. D’une part, sur l’hétérogénéité et le dynamisme des éléments qu’intègre l’idée de « maritimité ». D’autre part, sur la labilité du concept d’espèces, qui semble relever sous cette perspective de la contingence que du déterminisme, de l’hybridation que de l’essentialisation. Qu’est-ce que signifie la notion d’espèce, dès lors qu’elle est soumise aux hasards des voyages et des débarquements, à des déplacements contraints ou opportunistes
Coordonné par Hélène Artaud, Frédérique Chlous, Émilie Mariat-Roy
Regards croisés sur la petite enfance • 2007 -
Le séminaire (bi-mensuel) explore les différents champs de recherche de l’anthropologie et de l’histoire de la petite enfance. Il s’agit d’appréhender les cultures de l’enfance dans l’étendue de leur diversité, comme les constructions sociales et politiques qu’y s’y rattachent, à partir des représentations, des discours et des pratiques des familles, des personnels de santé ainsi que de l’entourage de l’enfant selon les époques et les politiques publiques en charge de la protection sociale. Les conceptions relatives au développement de l’enfant sont également analysées, en privilégiant sa capacité d’action et de négociation, en particulier dans ses interactions avec ses parents, sa fratrie, son entourage élargi, et également l’ensemble des personnes impliquées dans son intégration sociale, son éducation et sa santé. Le séminaire est illustré par des études de cas issues de sociétés africaines, latino-américaines et asiatiques contemporaines et historiques afin d’élargir les questionnements issus de la société civile et des politiques sociales.
Coordonné par :
Charles-Édouard de Suremain, Doris Bonnet, Gladys Chicharro, Vincent Gourdon, Nathalie Sage-Franchère), EHESS (Paris) et Université Paris Descartes