
Charles-Édouard de SUREMAIN

43 rue Buffon
Paris 5e
HDR
L’implication constructive. Anthropologie, recherche, développement
Soutenue le 15 juillet 2013 à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Présentation
Docteur en ethnologie (1994), directeur de recherche et titulaire d’une Habilitation à Diriger les Recherches (2013), je suis actuellement directeur de l’UMR Paloc. Les principaux fils conducteurs de mon itinéraire sont les inégalités, le corps, l’alimentation, l’enfance, la patrimonialisation et le développement.
Mes premières recherches portaient sur la grande plantation caféière au Guatemala (1985-1994). J’y ai étudié les usages politiques de la mémoire et la violence, la construction des stéréotypes ethniques, les formes du paternalisme et de l’autorité, les liens entre les oligarchies et le politique, mais également les inégalités de genre et intergénérationnelles (avec le cas du travail infantile) ou encore les mouvements de conversion religieuse.
J’ai ensuite mené des enquêtes ethnographiques en Équateur (1989-1991, Institut Français d’Études Andines) où j’ai étudié l’ethnogenèse d’un groupe de colons sur les piémonts occidentaux de la Cordillère des Andes. L’étude de la parenté et des systèmes de charges politico-religieux des communautés émergentes, à travers l’ethnologie à rebours, a dévoilé les stratégies de spoliation foncière et d’accaparement des ressources naturelles dans un contexte où les conflits (territoriaux, identitaires…) avec les populations indigènes locales étaient structurels.
À mon entrée à l’IRD (1994), j’ai conduit des recherches en recherche-action participative en santé dans le domaine de la restructuration des systèmes de santé et des politiques de lutte contre la pauvreté et les inégalités à partir de la malnutrition infantile. J’ai ainsi développé une ethnographie des processus de micro-décisions en matière de soins et de rituels associés au jeune enfant en Afrique (Congo 1995-1997). Dans ce contexte, la notion d’« entourage nourricier » m’a permis d’interroger la question du genre sur des terrains andins (Bolivie-Pérou 1998-2003) et de pointer la focalisation excessive des institutions internationales sur la dyade mère/enfant, malgré son manque de pertinence dans les organisations sociales locales, laquelle conduit à considérer la mère comme la principale responsable des problèmes de santé infantile, reproduisant alors des formes de domination existantes.
Mes recherches se sont prolongées avec l’étude des représentations du corps et de la personne, entre autres de la maigreur et de l’obésité, et la réorganisation des systèmes de santé publique (Algérie, Tunisie 2003-2005). L’analyse des perceptions locales de la faim (« l’incertitude alimentaire ») a débouché sur une exploration de l’insécurité alimentaire (Mali 2006-2008, Mexique 2008-2009) dans le contexte des politiques de lutte contre la pauvreté en ville.
Ces dernières années, j’ai porté mon attention sur la gastro-politique (projet ANR FoodHerit), en partant des tensions entre le développement et la patrimonialisation de l’alimentation en Amérique Latine (principalement au Mexique 2012-). Les notions d’anachronisme patrimonial, de fabric-acteurs de patrimoine ou encore de patrimonialisme m’ont conduit à explorer les multiples formes de citoyenneté alimentaire sur mes différents terrains (routes touristiques, « cuisinières traditionnelles », institutions caritatives d’aide alimentaire) et à les mettre en rapport avec les patrimoines alimentaires ordinaires, fruits d’initiatives locales, en partie inspirés des patrimoines alimentaires institués, liés à la gastro-politique.
De façon transversale, je continue à explorer les déclinaisons locales des figures internationales de l’enfance, en particulier de l’enfant Onusien, ce que j’ai appelé « l’enfant du développement ». Mes enquêtes récentes portent sur la production institutionnelle de l’enfance en tant que catégorie et sur le rôle de l’enfant-acteur dans la patrimonialisation (projet JEAI ChildHerit) ; elles s’appuient sur la critique de la notion de Génération Future qui constitue l’arrière-plan des débats politiques, juridiques, sociaux et culturels sur la question de la transmission.
- Co-directeur de deux revues électroniques en open access multilingues en ligne : Anthropology of Food et AnthropoChildren.
Chercheur associé au CEMCA (Centre d’études mexicaines et centreaméricaines), UMIFRE 16
Co-responsable du « Anthropology of Children and Youth Network », EASA (European Association of Social Anthropologists) [https://www.easaonline.org/networks/youth/]
Membre du comité scientifique de la collection « Mondes de l’enfance » (Univrsité de Liège, Belgique) [http://www.presses.uliege.be/jcms/c_15234/collection-mondes-de-l-enfance]
Le projet ambitionne d’étudier les représentations autour de la consommation d’insectes commercialisés dans différents pays d’Amérique latine, tant dans les villes que dans les campagnes. En particulier, l’objectif est d’observer la façon dont se construit un patrimoine bioculturel spécifique. En analysant les savoirs environnementaux et culinaires, les menaces sur l’environnement des insectes et la qualité nutritionnelle des insectes, il s’agit également de valoriser ce patrimoine et d’accompagner les acteurs locaux, notamment les populations indigènes, dans leurs tentatives de réponse face aux enjeux alimentaires contemporains.
À partir d’une recherche conduite par internet (« netnographie »), ma participation à ce projet vise à documenter les actes de communication des communautés virtuelles de consommateurs d’insectes (commentaires, échanges, conversations, appréciations…) afin, dans un deuxième temps, de les comparer avec les pratiques réelles de consommation.
This project has received funding from ANR (21-CE27-0021)
À l’échelle de 6 pays européens (Norvège, Allemagne, Hollande, France, Italy et Belgique), le projet porte sur les interactions entre les migrations, les pratiques alimentaires et les espaces. Il analyse les façons dont les sociétés européennes – tant les institutions que les citoyens – accueillent les nouveaux migrants (réfugiés, populations déplacées, nouveaux arrivants, etc.) et comment les migrants se situent dans les espaces publics en étudiant plus particulièrement l’alimentation se pose comme vecteur, ou obstacle, d’inclusion et d’exclusion de ces populations. Il interroge le concept de paysages alimentaires en tant qu’il peut contribuer, ou non, à façonner les relations sociales, à faciliter la communication et à refléter les changements entre les espaces publics et les personnes.
Le projet FOOD2GATHER promeut la coopération entre les chercheurs, les acteurs et la société civile à travers l’apprentissage conjoint et la collaboration interactive. Les questions théoriques sont étroitement articulées aux questions qui émergent des recherches de terrain, ce qui conduit à la conceptualisation itérative de la notion de paysages alimentaires au fil de la recherche.
This project has received funding from HERA JPR Public Spaces: Culture and Integration in Europe funded by the European Union’s Horizon 2020 research and innovation program under grant agreement number 769478
Amérique latine (Mexique, Bolivie, Pérou, Équateur, Guatemala), Afrique (Mali, Tunisie, Algérie, République du Congo)