« Générations futures » et politiques culturelles. L’enfance et l’enfant dans la patrimonialisation.

Projet émergent. Groupe de travail financé par le CONYCET (Argentine) en 2021

Dirigé par : Charles-Édouard de Suremain, Elodie Razy, Carolina Remorini

Durée : 2020 -

L’intérêt de la société civile, des médias et des politiques publiques n’a cessé de croître, tant pour les patrimoines que pour l’enfance et les enfants, mais de manière désarticulée. Les institutions internationales, comme l’Unesco et les différentes agences des Nations-Unies, font prévaloir des définitions universalistes et normatives du patrimoine et de l’enfance que les États se doivent de traduire en politiques publiques contre la pauvreté et pour le développement. De leur côté, les acteurs locaux mettent en œuvre des initiatives patrimoniales qui s’appuient plus ou moins sur les enfants : mise en valeur des ressources culturelles et naturelles, valorisation identitaire, reconnaissance territoriale… Pour leur part, les sciences sociales montrent que les définitions, loin d’être universellement partagées, sont des constructions historiques, sociales, politiques et culturelles dont les modes d’appropriation, de contournement ou de rejet s’actualisent différemment selon les groupes et les sociétés locales. Il semble indispensable d’interroger les tensions entre universalisation des normes et constructions identitaires locales à partir d’une réflexion croisant patrimoine, enfance et enfants.

Dans ce contexte, si les enfants semblent les destinataires tout désignés des processus de patrimonialisation, en particulier sur les différents types de support à vocation pédagogique ou de promotion touristique locaux, ils sont également au cœur de deux pôles de réflexion en tension entre : (i) les dispositifs concernant les notions de « générations futures » et la question des « droits intergénérationnels » dans le cadre des discussions sur le développement durable, où les enfants apparaissent d’une manière abstraite en référence à la catégorie « enfance » ; et (ii) les enfants en tant que producteurs ou « fabric-acteurs de patrimoine », détenteurs de droits spécifiques (CIDE) où ils apparaissent sur le devant de la scène.

Entre ces deux pôles de réflexion complémentaires, mais qui se rejoignent rarement dans la mesure où ils renvoient à des approches extrêmement différentes, se déploie pourtant toute une palette de rôles et de places attribués, assignés, imposés – ou au contraire pris, revendiqués, assumés – à l’enfance et aux enfants. Ce sont les enjeux de ces différents positionnements de l’enfance et des enfants dans la patrimonialisation que nous souhaiterions discuter dans cette communication. Nous explorerons quelques-uns de ces rôles et places à partir d’exemples ethnographiques issus de nos propres recherches et analyses, et de celles menées par des collègues, dans une perspective d’anthropologie générale et d’anthropologie de l’enfance.

 

Publié le : 31/07/2020 11:36 - Mis à jour le : 21/03/2023 09:09